Vers la réingénierie de la formation d’audioprothésiste d’ici la rentrée 2019 ?

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La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, et le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidalont annoncé le 1er septembre dans un communiqué commun le lancement d’une mission, confiée à Stéphane Le Bouler, « afin de poursuivre l’intégration des formations paramédicales et de maïeutique dans l’université ».

Vers la réingénierie de la formation d’audioprothésiste d’ici la rentrée 2019 ?

Une annonce qui fait suite à un rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR) rédigé à la suite de la Grande conférence de la santéet rendu public le 31 août, préconisant de poursuivre les travaux pour reconnaître un statut d’étudiant de plein droit aux élèves des formations paramédicales, et achever l’universitarisation de leur formation. Les ministres estiment que les formations paramédicales et de maïeutique concernent près de 150 000 étudiants.
 
Dans un communiqué commun, les ministres expliquent que l’intégration de ces formations à l’université « répond à plusieurs objectifs de long terme, déterminants pour l’évolution du système de santé et la production de connaissances dans le champ de la santé :
– développer l’activité de recherche, particulièrement en sciences infirmières, en sciences de la réadaptation et en science maïeutique ;
– décloisonner les filières, et former tous les étudiants en santé à travailler de façon coordonnée autour des mêmes patients ;
– reconnaître pleinement l’appartenance à l’enseignement supérieur, avec le statut et les droits afférents, de tous les étudiants engagés dans les filières de santé ;
– assurer une gestion des compétences acquises adaptée aux besoins de chaque territoire, que ce soit dans le cadre de la formation initiale ou tout au long de la vie des professionnels de santé ;
– et enfin, permettre le développement de nouveaux métiers reposant sur de nouvelles formations ».
 
Il est vrai que le chantier précédent de réingénierie— qui devait conduire au passage au LMD en audioprothèse en 2013 — n’avait pas été mené à terme. Comme l’enjoignait récemment le professeur Lionel Collet, « Il faut à mes yeux qu’il y ait un grand chantier qui soit ouvert en France sur l’audioprothèse après l’avis de l’Autorité de la concurrence sur le secteur. C’est un grand chantier qui devra se poser la question de la formation des audioprothésistes (3 ans ou 5 ans), celle du métier (quelles compétences ?), mais encore celle du modèle économique. »
 

Le Collège national d’audioprothèse (CNA) et le Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf) saluent la recommandation de l’IGAS et l’IGAENR d’achever la réingénierie de la formation d’audioprothésiste d’ici la rentrée 2019.

 
Dans un communiqué de presse rendu public le 14 septembre, le Collège et l’Unsaf soulignent :

« Dans un rapport rendu public le 31 août dernier, une mission conjointe de l’Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la recherche (IGAENR) et de l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) examine les modalités d’une meilleure intégration des formations paramédicales à l’université. En ce qui concerne les audioprothésistes, comme les orthophonistes et orthoptistes, le rapport note qu’il s’agit d’ores et déjà de « formations exclusivement et historiquement assurées par l’université, qui relèvent des ministères chargés de l’enseignement supérieur et de la santé ».

Pour ce qui est de « l’universitarisation proprement dite, la première priorité est d’achever la réingénierie des professions paramédicales, et donc leur inscription dans le schéma licence-master-doctorat (LMD) ». Le rapport recommande donc que les ministères chargés de l’enseignement supérieur et de la santé achèvent la réingénierie de la formation d’audioprothésiste d’ici la rentrée 2019. Après réingénierie, les titulaires du diplôme d’audioprothésiste devraient se voir conférer automatiquement le grade de licence. 

La mission propose également de modifier le mode de recrutement de ces formations en supprimant les concours d’accès pour les bacheliers. « Les formations paramédicales de niveau bac + 3 [dont les audioprothésistes] seraient accessibles via APB après sélection sur dossier et entretien individuel », est-il recommandé. « En effet, cette procédure permettrait de diversifier les profils des étudiants, et améliorerait l’accessibilité sociale de ces formations, en supprimant les classes préparatoires privées, souvent onéreuses et suivies par une proportion importante des étudiants ». 

La mission s’est aussi questionnée sur la pertinence de « la régionalisation de la gestion et du financement de formations à effectif réduit » dont font partie les audioprothésistes. « La mobilité importante des étudiants après leurs études dans ces professions montre leur rayonnement interrégional, et les effectifs ne nécessitent pas nécessairement une implantation de proximité systématique ». Les données du rapport montrent que les audioprothésistes sont les plus mobiles des 11 professions listées avec 70 % des « actifs exerçant dans une région différente de leur lieu de diplôme », cinq ans après l’avoir obtenu. 

À la parution du rapport, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ont lancé conjointement une mission, afin de relancer la concertation et de préciser les étapes de l’intégration à l’université des formations paramédicales. Elle a été confiée à Stéphane Le Bouler, secrétaire général du Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie. 

Tandis que les programmes actuels sont inchangés depuis 2001, les techniques d’explorations fonctionnelles et de réhabilitation auditive ont connu une évolution importante. Des prises en charge de pathologies et techniques nouvelles sont apparues : acouphènes, protection des nuisances sonores, implants cochléaires…

Alors que les besoins futurs en professionnels sont aujourd’hui connus1, le CNA et l’UNSAF sont disposés à participer et à faciliter l’application de ces recommandations devant conduire à une formation rénovée. 
Il est d’autant plus urgent de les mettre en œuvre que les liens entre déficit auditif et risques accrus de perte d’autonomie ne font aujourd’hui plus débat. »

Références :
[1] Note CNA-UNSAF « Démographie des audioprothésistes, quelle évolution ? », 11 septembre 2017- www.unsaf.org/doc/CNA-Unsaf-Demographie_des_audioprothesistes_quelle_evolution-11-09-2017.pdf

GB