Le port d’aides auditives est associé à un plus faible recours aux urgences

étude


La perte d’audition est liée à la démence, la dépression, la dépendance, sans doute au risque de chute… Quoi d’autre ? Une étude américaine montre que les personnes appareillées passent moins de nuits aux urgences que les personnes malentendantes non appareillées. Les résultats de cette étude sont parus fin avril dans la revue JAMA Otolaryngology.

Le port d’aides auditives est associé à un plus faible recours aux urgences

Aux États-Unis, les aides auditives ne sont pas prises en charge par le programme de santé gouvernemental Medicare. C’est dans ce contexte qu’une équipe de chercheurs et médecins de l’université du Michigan à Ann Arbor a voulu vérifier si le port d’aides auditives était associé à différents facteurs médico-économiques ; ils se sont ainsi demandé si les personnes appareillées payaient plus de frais médicaux, s’ils allaient plus fréquemment consulter, s’ils étaient plus souvent hospitalisés ou allaient davantage aux urgences que les personnes malentendantes non appareillées.

Si les différents résultats ouvrent la voie à de nombreuses interprétations, quelques résultats apparaissent néanmoins clairement : sur les 1336 personnes ayant participé à cette étude transversale, les 602 personnes ayant déclaré utiliser des aides auditives dépensaient davantage en soins médicaux (1 125 $ en plus par an) ; leur reste à charge global était également plus important (325 $ par an). Un résultat qui peut notamment s’expliquer par le fait que ces personnes ont fait l’achat d’aides auditives, qui ne sont pas prises en charge dans ce pays.

Concernant les consultations, les analyses des questionnaires indiquent que les personnes appareillées consultent davantage (96 % contre 92 % de probabilité) ; sans doute parce que le réglage des aides auditives, entre autres, le nécessite, suggèrent les auteurs de l’étude, ou bien parce que les personnes appareillées sont plus sensibilisées à la prévention et se rende donc chez le médecin avant une éventuelle urgence. En revanche, et c’est sans doute le résultat qu’il faut retenir, les personnes appareillées font moins appel aux services d’urgence (24 % contre 26 %), sont moins hospitalisées (20 % contre 22 %) et passent moins de nuits à l’hôpital (- 0,46 par an).

Bien entendu, l’étude souffre de certaines limites : tout d’abord, l’étude est transversale (une étude interventionnelle aurait été plus robuste), et il est donc impossible de conclure avec certitude sur un lien de causalité. D’autre part, les données concernant l’utilisation des aides auditives sont déclaratives, et non fondées sur le data logging. En outre, aucune donnée n’est disponible concernant le type d’aides auditives portées par les utilisateurs.

Dans le contexte français de la réforme du reste à charge zéro d’une part, et du manque de moyen croissant dans les hôpitaux d’autre part, une étude médico-économique de ce type, menée en France, permettrait de connaître plus clairement l’apport des aides auditives en termes de prévention.

BS