Les candidats à l'Elysée vs Les Mutuelles : le début d'un long feuilleton ?

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Plusieurs candidats veulent réduire leur place. Certains veulent les supprimer : les Mutuelles font l'objet de beaucoup d'attentions en ce début de campagne présidentielle.

Les candidats à l’Elysée vs Les Mutuelles : le début d’un long feuilleton ?

Un rappel des faits. En novembre 2016, François Fillon proposait d'étendre largement leurs prérogatives. Premier bouleversement : la mise en place d’une franchise universelle, une sorte de bouclier sanitaire, dont le montant reste inconnu et qui devrait varier selon le revenu. Les premières dépenses, jusqu’à un certain seuil, ne seraient donc plus remboursées ni pas la sécurité sociale, ni par les complémentaires santé. Deuxième proposition : François Fillon proposait de concentrer les remboursements sur « les affections graves et de longue durée », et que ce soit les assurances privées qui prennent en charge les autres dépenses. Ces propositions avaient alors suscité de vives réactions.

Du côté de la gauche, Benoît Hamon et Manuel Valls veulent, à l'inverse et schématiquement réduire le rôle des complémentaires dans le financement des dépenses de santé. Le directeur des Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, prône la suppression de ces assurances privées. Pour lui, notre système « à deux étages », assurance maladie et couverture complémentaire (assurances, mutuelles), est « source de complexité, de coût et d'iniquité ». Selon lui, les complémentaires santé et la Sécu dépensent chacune six milliards d'euros par an en frais de gestion. Leur fusion permettrait « de réaliser des économies substantielles […] et de réinjecter à terme des milliards d'euros […] dans le financement de médecins, d'infirmiers, d'hôpitaux ». Ce sont près de 7 milliards d'euros de frais de gestion économisés qui sont évoqués par Martin Hirsch.

Du côté des organismes complémentaires, Thierry Beaudet, le président de la Mutualité française, se défend dans une interview aux Échos. Pour lui, « cette tribune [de Martin Hirsch] propose d'effacer d'un trait de plume tout un secteur d'activité ancré dans la réalité sociale de notre pays. Cette vision simpliste suscite la colère des mutualistes. » Un financement 100 % public serait « infaisable » et « insoutenable », affirme-t-il. Et il ne résoudrait en rien, selon lui, les problèmes d'organisation de l'offre de soins et d'inflation des dépenses. La Mutualité demande au contraire que son rôle soit renforcé, par exemple sur l'optique et le dentaire.
Il ajoute : « Il est paradoxal que les politiques semblent découvrir notre existence et nous la reprochent. Nous occupons l'espace que droite et gauche confondues nous ont donné ces trente dernières années au fil des déremboursements et de la liberté tarifaire laissée aux professionnels, faute de moyens pour augmenter les tarifs de la Sécurité sociale.[…] Les mutualistes n'ont pas à faire de mea culpa. »

La rédaction