Les étudiants audioprothésistes en difficulté

Enquête

Avec les restrictions sanitaires engendrées par la crise sanitaire du covid-19, la Fédération Nationale des Etudiants en Audioprothèse (Fnea) a transmis un questionnaire afin d’évaluer leur santé physique et psychologique et leur situation financière. Sans surprise, le mal-être touchant d’innombrables jeunes dans l’Hexagone et dans le monde entier n’épargne pas nos futurs jeunes audioprothésistes.

Publié le 09 février 2021

Les étudiants audioprothésistes en difficulté

La Fnea a obtenu les réponses de 47% d’étudiants (371 étudiants sur un ensemble de 794), un pourcentage suffisamment élevé pour être représentatif de l’état des étudiants dans cette filière. Si la santé physique de la majeure partie des répondants semble plutôt bonne, 46% révèlent qu’elle s’est dégradée depuis le mois de novembre 2020.

Plusieurs éléments sont imputables à cette dégradation, notamment la baisse de l’activité sportive des étudiants ainsi que de leur qualité et quantité de sommeil. De plus, environ 35% d’entre eux estiment avoir une mauvaise situation financière, et 26% déclarent que cette dernière s’est dégradée (notamment avec la perte d’un emploi étudiant).

Isolement social et impact psychologique

Concernant la santé psychologique, 50% des étudiants déclarent que celle-ci n’est pas bonne, et 69,5% précisent qu’elle s’est encore dégradée depuis novembre dernier. Les étudiants se sentent démunis face à une crise qui dure.

Ce mal-être est exacerbé par la sensation d’être laissé pour compte, précise la Fnea dans la synthèse de son enquête. Le stress est également un révélateur du mal-être des étudiants, ils sont plus de 70% à décrire une augmentation de leur stress en raison de la crise du covid-19 et de ses répercussions. En 2019, ils étaient environ 80 à répondre « souvent » à la question « te sens-tu stressé ? », contre désormais presque 200 en 2021.

En plus de l’impact sur la santé financière et physique, la crise sanitaire met à mal les relations sociales. La volonté de retrouver familles, camarades, amis et enseignants se fait ressentir de la part des étudiants.

Sur une échelle de 0 à 10, ou 0 représente le minimum et 10 le maximum, l’impact de l’isolement social sur le bien-être des étudiants s’évalue en moyenne à 7. Parmi eux, 15,2 % ont déjà souffert de crises d’angoisses depuis novembre et 15,3% déclarent avoir souffert de dépression. Les pensées suicidaires sont présentes pour 3,5% des étudiants, 75% des étudiants ne font rien face à ces manifestations de détresse, et seulement 6% ont fait la démarche de consulter un professionnel de la santé mentale. Enfin, 6,5% déclarent avoir déjà consommé un ou plusieurs médicaments psychotropes.

L’abandon et l’échec universitaire

Plus de 71% des étudiants en audioprothèse souffrent de la perte des liens sociaux depuis novembre. La peur de l’échec universitaire concerne 56,4% des sondés et la peur de ne pas trouver un emploi en fin d’études (13,8%) viennent s’additionner aux problématiques rencontrées, et à peine 14,9% d’entre eux déclarent que leur motivation reste inchangée. 80,8% des étudiants pensent que le confinement aura un impact sur leur réussite universitaire.

Enfin, la résilience des étudiants en audioprothèse est rassurante. En effet, ils sont 87,6% à ne pas avoir envisagé de stopper la formation. En revanche la crise sanitaire semble avoir découragé 29 étudiants soit 7,8%.

L’importance du stage

Autre point important mit en lumière par cette enquête, les stages. En effet, ils permettent aux étudiants d’entretenir des liens sociaux, mais aussi de redonner du sens et de la motivation. Sur les 186 étudiants ayant été en stage, 82,8% d’entre eux déclarent qu’il a eu un impact positif sur la santé mentale.

La Fnea en conclut qu’en dépit des mesures palliatives, comme le repas en restaurant universitaire à 1€ ou bien le chèque Psy, elles ne sont pas suffisantes et ne traitent pas le fond du mal-être.

Il est primordial pour les étudiants de pouvoir effectuer leurs stages pratiques, qui permettent de recouvrer des liens sociaux, et de donner du sens et de rassurer les étudiants quant à leurs futures compétences et connaissances.

Lucile Perreau