La Fondation pour l’audition récompense trois nouveaux lauréats

Récompenses scientifiques

Dans le cadre de la 5e édition des Prix Scientifiques de la Fondation pour l’audition, trois spécialistes de l’audition ont été primés lors d’un évènement 100 % digital qui s’est déroulé le 18 novembre au soir. Lancés en 2015 et organisés chaque année, ces prix ont pour but de soutenir des personnalités pionnières du monde de la recherche dans l'audition en France et à l'international, et ont déjà récompensé plus de 13 talents.

Publié le 19 novembre 2020

La Fondation pour l’audition récompense trois nouveaux lauréats

« Les recherches cette année nourrissent des espoirs inédits sur la compréhension et la réponse aux troubles de l’audition », indique la Fondation. Cette année, ce sont donc deux chercheurs et un médecin qui ont été récompensés pour leurs découvertes. Accompagnée de son conseil scientifique international, composé d’éminents chercheurs et médecins, la Fondation Pour l’Audition a sélectionné ces 3 talents :

 

− Le « Grand Prix Scientifique », décerné au Pr Tobias Moser pour ses travaux pionniers combinant optique et génétique ouvrant la voie vers le développement d’implants cochléaires innovants pour les personnes sourdes. Son principe ? En premier lieu, un gène codant pour une protéine activée par la lumière est introduit dans les cellules nerveuses de la cochlée, qui deviennent sensibles à la lumière. L’implant proprement dit transforme les vibrations sonores en signaux lumineux, acheminés dans une fibre optique composée de micro-émetteurs de lumières (des micro-LEDS) et insérée dans la cochlée. Le nerf auditif est alors stimulé très finement par la lumière générée par l’implant. L’équipe de Tobias Moser a récemment confirmé la faisabilité et l’efficacité de cette approche sur des modèles de rongeurs sourds. Tout l’intérêt de cet implant optique réside dans sa résolution, nettement supérieure à celle de l’implant cochléaire électrique. Cette innovation de rupture laisse donc entrevoir un saut qualitatif considérable dans la restitution des sons audibles, en particulier de la musique.

Tobias Moser est médecin ORL, Professeur en Neuroscience Auditive et fondateur de l’Institute for Auditory Neuroscience de l’University Medical Center Göttingen, en Allemagne où il anime l’équipe de recherche « InnerEarLab ». Il est également à la tête d’équipes de recherche au Max Planck-Institute for Biophysical Chemistry, au Max-Planck-Institute for Experimental Medicine et au German Primate Center, à Göttingen. Le professeur a été récompensé d’un prix de 100 000 €.

 

− Le « Prix Emergence Scientifique pour la Recherche Fondamentale » est décerné à Luc Arnal pour ses travaux sur les circuits de l’audition « non classiques ». Au cours des dernières années, Luc Arnal a découvert que certains sons, dits « rugueux » ou désagréables, émis à des fréquences particulières, sont traités par le cerveau différemment du langage : en plus des voies auditives classiques, ils empruntent un circuit non classique pour parvenir à des zones archaïques du cerveau impliquées dans les émotions, la douleur et la réaction au danger. Il en va ainsi des cris de bébé, des hurlements humains, ou des sirènes d’alarme, qui nous font réagir rapidement par l’aversion auditive qu’ils suscitent. Cette découverte explique notamment la réaction excessive de parents dans le syndrome du bébé secoué. Luc Arnal exploite aujourd’hui ses découvertes fondamentales pour les transférer à la clinique. De quoi comprendre, et peut-être à terme traiter, les acouphènes, l’hypersensibilité aux sons, la déficience auditive mais aussi les réponses émotionnelles inadéquates à certains sons, observées dans la maladie d’Alzheimer, l’anxiété, la dépression, la schizophrénie ou l’épilepsie.

Luc Arnal est chercheur à l’Institut Pasteur et codirige, avec Diane Lazard, l’équipe « Cognition et Communication Auditive » (ACCLab) à l’Institut de l’audition, à Paris. Son groupe étudie les réseaux qui acheminent les sons au cerveau, la manière dont ils y sont traités et les réactions comportementales qu’ils engendrent. Il combine pour cela des méthodes pointues de psychoacoustique, d’imagerie cérébrale et de modélisation numérique. Il a été récompensé d’un prix de 40 000€.

 

− Le « Prix Emergence Scientifique pour la Recherche Clinique » est décerné à Frédéric Venail pour ses recherches sur les mécanismes moléculaires conduisant à la fibrose cochléaire, aboutissant à des molécules candidates susceptibles de la bloquer. Frédéric Venail étudie depuis plus de 10 ans les mécanismes de fibrose de la cochlée afin de parvenir à contrer ce processus délétère, qui est le principal inconvénient à l’implantation d’une aide auditive. La fibrose cochléaire est due à l’inflammation et à la cicatrisation consécutives à l’introduction de l’implant. Elle est problématique car non seulement elle compromet l’audition résiduelle, mais elle entrave aussi le bon fonctionnement de l’implant. Le Pr Venail a élucidé les mécanismes moléculaires conduisant à la fibrose, aboutissant à des molécules candidates susceptibles de la bloquer. Ainsi, les travaux du Pr Venail ont déjà permis d’améliorer les dispositifs d’implant cochléaire. D’autres avancées devraient voir le jour et permettre de préserver l’audition résiduelle des patients appareillés.

Le professeur Frédéric Venail est chirurgien oto-rhino-laryngologue et responsable de l’équipe médicale Otologie et neurotologie au Centre hospitalier Gui de Chauliac. Il mène ses recherches à l’interface des neurosciences et de la médecine pour améliorer la prise en charge des déficits auditifs. Il a été lui aussi récompensé d’un prix de 40 000€.

 

Lucile Perreau

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