[Reportage] "Après un mois de confinement, les difficultés commencent maintenant"

Continuité de service

Le 26 mars dernier, nous avions rencontré Philippe Metzger, alors que le service minimum se mettait tout juste en place. Un mois plus tard, il nous explique que les difficultés commencent en réalité maintenant.

Publié le 14 avril 2020

[Reportage] “Après un mois de confinement, les difficultés commencent maintenant”

Un mois après le début du confinement, comme depuis le début et la plupart des audioprothésistes qui restent ouverts, Philippe Metzger exerce toujours sans masque. La pharmacie lui en a donné 3 ou 4, alors il les économise. Il n’a pas de gant, mais cela ne le gêne pas trop car il se lave les mains ou utilise du gel hydroalcoolique qu’il a en grande quantité.

Seul son magasin principal reste ouvert tous les jours, les quatre autres centres auditifs renvoient vers celui-ci. Un centre secondaire est malgré tout ouvert un jour par semaine. Le centre a envoyé un sms à tous les patients habituels pour les prévenir de l’ouverture partielle. L’activité s’est stabilisée : il reçoit environ un patient par heure. « Nous faisons beaucoup de dépannage de piles, un peu de réparation et un réglage important de temps en temps, surtout quand l’appareil est muet » explique Philippe Metzger.

 

Une commande passée pour le déconfinement

Pour reprendre une activité plus normale et prévoir le déconfinement, Philippe Metzger a commandé 2 000 masques pour ses 5 boutiques, via une commande groupée d’Audition Conseil, son réseau. Dès le déconfinement, il compte retravailler en cabine, avec un masque, « comme les dentistes », des gants, une blouse et des lunettes. « J’ai dit non à la charlotte » s’amuse l’audioprothésiste. La commande de blouse a été passé indépendamment d’Audition Conseil. « Les blouses seront en tissu avec nos noms écrits dessus, ça évitera d’avoir à porter les badges ». Le professionnel explique qu’il compte désormais beaucoup plus travailler l’asepsie.

Il pense que l’activité reprendra dès le déconfinement, même si la mise en pause des ORL l’inquiète : « Certaines personnes ont des prescriptions d’aides auditives qui attendent. Nous avons eu une vingtaine de rendez-vous pour un premier appareillage qui a été annulée. Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est le fait que les ORL semblent avoir reçu l’instruction de ne pas reprendre les consultations avant septembre. Or ils ne peuvent pas réaliser d’audiogramme en téléconsultation ! ». Il faudra encore compter sur les médecins généralistes, même s’ils sont sensés ne plus avoir le droit de prescrire d’audioprothèse à partir du mois d’aout s’ils n’ont pas reçu une formation particulière. Un arrêté devrait permettre de prolonger cette période.

 

Des difficultés économiques à venir

Économiquement, si l’audioprothésiste n’a pas encore ressenti de difficulté, il les voit arriver. « Les difficultés financières sont décalées d’un mois car les personnes qui ont des essais d’appareil en cours nous disent souvent que leurs aides auditives leur conviennent, et ils nous règlent. Cela nous a assuré une trésorerie depuis le 15 mars. Mais le 15 avril, nous allons arriver à la fin des essais lancés avant le début du confinement, car ils durent un mois, et nous n’aurons alors plus de nouveaux patients en cours d’essai » poursuit l’audioprothésiste. « Nous n’aurons alors plus de rentrées d’argent, mais uniquement des sorties et des factures à payer » s’inquiète Philippe Metzger.

Autre problème, le remboursement du chômage partiel n’est toujours pas arrivé. « Nous venons de recevoir les codes nécessaires pour faire la demande, mais je crois qu’il faut encore environ 15 jours pour que le montant soit effectivement versé » poursuit Philippe Metzger.

Ces aides de l’état devraient arriver à point.

Corinne Couté