Les clés du succès de l'implantation cochléaire

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L’un des enjeux des médecins ORL est de comprendre pourquoi, dans certains cas, la réhabilitation auditive via l’implantation cochléaire est un succès, et pourquoi d’autres se soldent par un échec. Deux chercheuses, Diane Lazard à Paris et Anne- Lise Giraud à Genève, se sont penchées sur la question. Selon leurs travaux publiés dans Nature Communications, l’un des facteurs de réussite se joue au niveau de la réorganisation cérébrale, causée par la non stimulation des aires auditives.

Les clés du succès de l’implantation cochléaire

Pour réaliser leurs travaux, les chercheuses ont fait appel à 18 sujets souffrant de surdité post-linguale profonde, candidats à l’implantation cochléaire, et 17 sujets témoins, normo-entendants, auxquels elles ont fait passer un test phonologique de lecture de mots, basé sur la vision : il s’agissait de dire si deux pseudo-mots (en fait de vrais mots mal orthographiés) rimaient ou non. À la surprise des chercheuses, certaines des personnes implantées ont obtenu de meilleurs scores (qualité des réponses égale, mais plus rapidement) à ce test que les normo-entendants, et cette réussite était associée à un échec de l’implantation (faibles performances auditives, 6 mois après l’implantation). L’analyse de l’IRM fonctionnelle indiquait que chez ces personnes, la plasticité cérébrale s’était effectuée en faveur des fonctions visuelles : les aires cérébrales correspondantes, situées dans l’hémisphère droit, étaient activées. En revanche, chez les autres malentendants, dont les performances au test phonologique étaient équivalentes à celles des normoentendants, ce sont les aires du langage, dans l’hémisphère gauche, qui étaient activées. Chez eux, la réhabilitation via l’implant cochléaire était une réussite.

Selon les chercheuses, la réorganisation cérébrale en faveur des fonctions visuelles qui suit dans certains cas la perte de l’audition va de pair avec une moindre réussite de l’implantation et avec une synergie audio-visuelle perturbée. Ces travaux montrent aussi qu’un simple test phonologique permet de détecter ce problème potentiel chez des candidats à l’implant cochléaire et ultérieurement, de proposer une réhabilitation adaptée.

BS