Déficience auditive : une étude explique « l’effet cocktail » et ouvre la voie à de nouvelles thérapies

Étude

Une nouvelle recherche scientifique (An Alternative Explanation for Difficulties with Speech in Background Talkers: Abnormal Fusion of Vowels Across Fundamental Frequency and Ears), publiée le 21 avril 2021 dans le Journal of the Association for Research in Otolaryngology, explique « l’effet cocktail », un phénomène qui provoque une mauvaise compréhension des interlocuteurs des personnes malentendantes dans les environnements bruyants.

Publié le 27 avril 2021

Déficience auditive : une étude explique « l’effet cocktail » et ouvre la voie à de nouvelles thérapies

Dans cette étude, cosignée par des scientifiques de l’Oregon Health & Science University (OHSU) et du Veterans Affairs Medical Center de Portland dans l’Oregon, l’auteur principal de l’étude, Lina Reiss, professeur associé d’otolaryngologie et elle-même malentendante, explique que ces difficultés sont dues à une fusion binaurale anormalement large chez les personnes souffrant de déficience auditive. Elle suggère que, pour les personnes atteintes de déficience auditive, la fusion de sons différents provenant des deux oreilles conduit à un mélange de sons d’une manière souvent inintelligible. « Les auditeurs normo-entendants utilisent des indices de fréquence, tels que la fréquence fondamentale (hauteur de la voix), pour séparer les sons en flux auditifs distincts. Cependant, de nombreuses personnes malentendantes présentent une fusion binaurale de la hauteur des sons anormalement larges, ce qui entraîne la fusion et le calcul de la moyenne des hauteurs monaurales d’origine dans le même flux au lieu de séparer les deux flux et peut également entraîner la fusion et le calcul de la moyenne des flux vocaux entre les oreilles », révèle ladite étude. « Cela diffère de ce que les personnes ayant une audition normale ressentent dans ce que l’on appelle l’effet cocktail », a déclaré Lina Reiss. « Les personnes ayant une audition normale peuvent séparer et comprendre les multiples voix, mais elles ne savent plus quelle voix dit quoi ».

 

Pour confirmer leurs dires, les chercheurs de l’OHSU et du National Center for Rehabilitative Auditory Research ont recruté 11 personnes avec une audition normale et 10 avec une déficience auditive, puis les ont équipés d’un casque dans une cabine à double paroi et à atténuation sonore. Deux voyelles ont été jouées simultanément, une différente dans chaque oreille, avec des variations au niveau de la hauteur de la voix. Les participants ont ensuite été invités à répondre sur un écran tactile pour identifier les voyelles spécifiques. À l’aide d’une analyse statistique, les chercheurs ont ainsi révélé que les personnes atteintes d’une perte d’audition présentaient une fusion anormale de la parole dans les deux oreilles, même pour des hauteurs de voix différentes. En effet, lorsque différents sons de voyelles étaient fusionnés, les participants entendaient un son de voyelle entièrement nouveau. « La fusion binaurale anormale pourrait fournir une nouvelle explication aux difficultés que rencontrent les auditeurs malentendants pour comprendre la parole dans des environnements à locuteurs multiples », ont conclu les auteurs de cette étude. Lina Reiss a indiqué que cette découverte pourrait ouvrir la voie à de nouvelles thérapies de réhabilitation.

 

Lucile Perreau

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