166 enfants ont été appareillés en République Dominicaine

Reportage

Une équipe de professionnels de l'audition s'est rendue pour la première fois sur le sol sud-américain sous l'égide de l'asssociation Audition Solidarité, pour appareiller des enfants sourds. L'expédition vient tout juste de rentrer.

Publié le 03 juin 2019

166 enfants ont été appareillés en République Dominicaine

C’est en République Dominicaine, plus précisément dans la ville de Hato Mayor (situé dans l’Est de l’île), que les mécènes d’Audition Solidarité ont élu domicile du 25 avril et le 03 mai 2019, dans l’optique de venir en aide aux enfants sourds et malentendants. A l’origine, le projet de cette mission est né de la volonté d’une association locale, Oír Para Vivir, créée et présidée par un français, Nathanael Le Herisse il y a une dizaine d’années. ” Oír Para Vivir nous a contacté en raison de la manière dont travaille notre association, sachant qu’il y a beaucoup d’enfants à appareiller en République Dominicaine ” nous a expliqué Adrien Fagault-Martial, responsable de communication pour Audition Solidarité, ” en appareillant les enfants sourds et malentendants et en formant des professionnels locaux, les actions réalisées par Audition Solidarité portent sur le long terme“.

Le dispositif déployé en République Dominicaine a été semblable aux autres missions de l’association. L’équipe était formée d’une quinzaine de bénévoles : six audioprothésistes, un médecin ORL, des fabricants d’embouts sur mesures et des orthophonistes. S’ajoutent ensuite les co-directrices de l’association (Carole Ercole et Odile Petit) ainsi qu’Adrien Fagault-Martial (responsable de communication) afin de gérer les questions de logistique et d’organisation. ” Il y a vraiment une histoire humaine qui se crée lorsque nous allons à l’étranger, c’est un peu “Rendez-vous en terre inconnu”. L’équipe que l’on choisit ne se connait pas forcément. On se rencontre tous à l’aéroport de Paris Charles de Gaulle, et nous restons ensemble toute la semaine du matin au soir. C’est quelque chose de fort, car nous sommes loin de tous et réalisons une action commune pour les enfants “, raconte Adrien Fagault-Martial.

Sur place, deux objectifs : appareiller les enfants et former les enseignants à l’entretien des appareils auditifs. Les enseignants sont formés tout au long de la semaine à l’entretien des appareils auditifs. “ Les bases sont présentes dès la première année, il faut ensuite les approfondir la deuxième année. Au bout de 3 ou 4 ans, l’équipe sur place est totalement autonome “, d’après Adrien Fagault-Martial. D’ordinaire, l’équipe d’Audition Solidarité se rend au sein d’un seul établissement spécialisé pour enfants sourds et malentendants, comptant en général entre 150 et 200 enfants. Pour cette première expérience en République Dominicaine, le mode opératoire a dû être adapté. ” On ne travaille pas avec une grande école, mais avec plusieurs petites écoles regroupant chacune entre 20 et 60 enfants “. Ainsi, les équipes d’Audition Solidarité et Oir Para Vivir étant basés sur Hato Mayor ont mis en place une logistique de bus durant toute la semaine afin que chaque école puisse bénéficier des services proposés.

Chaque école n’ayant qu’une seule journée d’appareillage, les enseignants n’ont pu être formés à l’entretien des appareils. Le choix de la formation s’est alors tourné vers les équipes de Ouir Para Vivir. Trois personnes ont été recrutées spécialement pour acquérir les méthodes d’entretien des appareils auditifs : une personne a été formé à la prise d’empreinte et à la réalisation d’embout auriculaires, une autre à l’appareillage numérique, et la dernière à l’audiométrie et l’orthophonie. ” La formation sur place est décisive lors de nos missions. Tout comme en France, l’appareil peut connaître quelques petites pannes ou dysfonctionnement fréquents. Si personne ne sait les réparer lorsque nos équipes ne sont pas sur place, cela n’a aucun intérêt pour l’enfant qui sera connecté temporairement au son avant de retomber dans le silence ” explique Adrien Fagault-Martial. Au total, 283 appareils auditifs ont été adaptés sur 166 enfants. ” Tous ces moments où l’on voit les enfants réagir, où ils ont le sourire jusqu’aux oreilles sont vraiment magnifiques. Ces missions sont de vraies bonnes histoires humaines à vivre” s’émerveille-t-il.

Cette mission en République Dominicaine n’en est encore qu’à ses débuts puisque Audition Solidarité s’est engagé à se rendre durant quatre années consécutives sur place, afin de continuer la formation et le développement du projet. Pour 2020, le but est de pouvoir embaucher une personne supplémentaire afin de développer l’orthophonie. Pour Adrien Fagault-Martial, ” C’est le poste sur lequel nous allons nous concentrer. L’appareillage est certes essentiel, mais sans orthophoniste, l’enfant ne pourra pas restituer les mots, ni placer sa voix et sa respiration “. Parallèlement à ce nouveau projet en République Dominicaine, les actions précédentes au Viêt-Nam, au Maroc et à Madagascar sont elles aussi toujours en cours. Chaque année, Audition Solidarité organise quatre missions en France et deux à l’étranger.

Un atelier de recyclage d’appareils auditifs

Après avoir remporté le 1er Prix des Femmes pour le développement durable en 2012, Audition Solidarité parvient à mettre en place le premier atelier de recyclage d’appareils auditifs en France. Les appareils auditifs récoltés dans les centres des mécènes sont transmis vers l’atelier où l’ensemble des composants sont testés et changés. “Nous avons désormais deux électroniciens pour recycler nos appareils. Chaque année, nous recevons plus de 3 000 appareils et 2 000 sont en parfait état à l’issue du recyclage. Les appareils sont prêts à connaitre une seconde vie au cours de nos missions ” livre Adrien Fagault-Martial, responsable de communication chez Audition Solidarité. Le nombre d’appareils auditifs en mission étant de plus en plus important, un atelier trois fois plus grand à vu le jour et deux audioprothésistes-mécènes ont fait leur apparition début 2019, venant ainsi renforcer l’équipe de recyclage déjà en place. Aujourd’hui, 80 % des appareils auditifs utilisés en mission proviennent de cet atelier de recyclage.

Antoine ERICHER