RAC zéro, vers un « échec sanitaire » ?

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Alors que les négociations battent leur plein depuis le 23 janvier pour arriver à la mise en place de la réforme sur le RAC zéro, les syndicats du secteur tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme.

RAC zéro, vers un « échec sanitaire » ?

Après Guillaume Flahault, président du Syndicat national des entreprises de l’audition interviewé dans Le Figaro et par nos soins, ce sont les instances représentatives de l’audioprothèse qui reprennent la plume pour faire part de leurs craintes quant à l’issue des pourparlers qu’ils ont actuellement avec la Direction de la Sécurité sociale (DSS). Car force est de constater que les échanges actuels – asymétriques – vont largement au-delà de la promesse présidentielle de mise en œuvre du RAC zéro. Et ce sont surtout les réformes connexes, systémiques qui inquiètent pour leurs effets potentiellement délétères sur le secteur.

Dans un communiqué de presse daté du lundi 23 avril, le Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf), le Syndicat national des entreprises de l’audition (Synea), le Syndicat national de l’audition mutualiste (Synam)main dans la main avec le Collège national d’audioprothèse (CNA), mettent en garde la DSS et les Pouvoirs publics sur les « risques d’un échec sanitaire » de la réforme sur le RAC zéro et de ses annexes surtout qui se sont invitées dans le débat, subrepticement, à l’instar du découplage, entre autres…
 
Le Synea, le Synam, l’Unsaf et le CNA mettent en garde contre le « risque sanitaire grave qu’impliqueraient les modalités et les tarifs que tente d’imposer la Direction de la Sécurité sociale », dans le cadre des négociations en cours pour la mise en place du « reste à charge zéro ». Ils détaillent : « Les enjeux de prévention de la dépendance imposent un vrai engagement de l’Assurance maladie obligatoire. » Et de déplorer que « le projet actuel prévoit l’addition de mesures telles que la fragilisation de l’accompagnement des patients ou l’interdiction de renouvellement avant 5 ans des appareils qui hypothèqueront gravement l’accès aux soins.
 
Pour les instances représentatives, ces mesures pourraient entrainer :
– Des futurs déserts en audioprothèse. « Les premières études d’impact montrent que la nouvelle réglementation menacerait la viabilité économique de la filière. Les centres d’audition les plus fragiles devraient mettre la clé sous la porte, avec une raréfaction des audioprothésistes hors des grandes agglomérations. »
– Un accès à l’innovation empêché. « Le non-renouvellement des audioprothèses avant 5 ans empêcherait les patients de pouvoir bénéficier des dernières innovations technologiques. Et nuirait à la qualité des soins puisque 42 % d’entre eux ressentent aujourd’hui le besoin de renouveler leur équipement avant la 5e année. »
– L’accompagnement des patients en danger. « La volonté affichée de dissocier la vente de l’équipement initial des prestations de maintenance et de suivi par l’audioprothésiste mettrait à mal l’indispensable accompagnement du patient. Un suivi de qualité est la condition sine qua nonau maintien des performances des appareils et donc au bien-être des malentendants. »
 
Dans ce communiqué commun, les audioprothésistes réaffirment leur « volonté de contribuer à cette mesure de justice sociale, et ont pour cela formulé un ensemble de propositions chiffrées solidaires et réalistes, mais redoutent que cette négociation ne se traduise par une trahison de la promesse du chef de l’État, promesse essentielle pour la prévention de la perte d’autonomie. »

Aussi et en conclusion, le Synea, le Synam, l’Unsaf et le CNA – unis – appellent la Direction de la Sécurité sociale à poursuivre la concertation en se concentrant sur la seule mise en place du « reste à charge zéro », en dotant la mesure de moyens soutenables par la filière et compatibles avec le maintien de la qualité des prestations, pour ainsi éviter un « échec sanitaire » qui pénaliserait les malentendants.

Guillaume Bureau