Itelis prolonge son appel à candidatures, l’Unsaf pointe des conditions « exagérées et contestables »

Ocam

Fin janvier 2016, le réseau de soins Itelis, filiale d’Axa et Humanis, a lancé un appel à candidatures à destination des audioprothésistes, afin de renouveler son réseau « Itelis audio ». La date limite des candidatures a été repoussée et l’appel d’offres est ainsi repoussé jusqu’au 2 mars 2016, à 17 h (au lieu du 24 février).

Itelis prolonge son appel à candidatures, l’Unsaf pointe des conditions « exagérées et contestables »

Ceci « à la demande d’un certain nombre d’audioprothésistes qui a besoin de plus de temps pour rassembler toutes les pièces justificatives demandées », explique Fabian Huret, directeur des réseaux de soin pour Itelis. Les dirigeants d’Itelis précisent par ailleurs que « les centres d’audioprothèse actuellement partenaires d’Itelis, souhaitant intégrer le nouveau réseau, doivent impérativement faire acte de candidature ». Les modalités des candidatures restent inchangées.

Luis Godinho, président du Syndicat national des audioprothésistes (Unsaf), confiait en début de semaine à la presse professionnelle et généraliste ses doutes quant à l’appel d’offres d’itelis : « Je dois revenir sur le fait qu’il y a eu une petite manipulation de la part d’Itelis, qui nous a demandé de participer à une concertation de façade. En effet, il y a eu une réunion le 6 janvier entre les représentants de la profession et les représentants d’Itelis lors de laquelle l’appel à candidatures ne nous a pas été présenté dans son intégralité. Il ne nous a été présenté que quelques éléments d’information, mais aucun détail sur la partie financière… Alors que négocier, c’est aussi négocier un rapport qualité-prix ! Depuis cette réunion du 6 janvier et jusqu’au lancement de l’appel à candidature le 27 janvier, nous n’avons plus eu de contact avec Itelis, et ce, en dépit des demandes réitérées de la profession. Je souhaite le rappeler ici, cette méthode est tout à fait critiquable. »

Et Luis Godinho de revenir sur le contenu de l’appel à candidatures : « Cet appel à candidature qui fait 80 pages est un document particulièrement difficile à appréhender pour un non-juriste, ce qui crée une asymétrie d’information envers le professionnel de santé. Le document est si compliqué qu’il y a même une FAQ (une foire aux questions)… Nous sommes légalistes et nous sommes prêts à travailler avec les réseaux de référencement des complémentaires, mais il y a un certain nombre de critères à respecter, rappelle le président de l’Unsaf. Nous avions établi l’année dernière ces critères afin de pouvoir travailler en partenariat avec les Ocam : en particulier, le libre-choix du patient, la reconnaissance que la qualité de la prestation est la clé dans la réussite d’un appareillage. Donc bien évidemment, si le prix est trop bas, nous ne pouvons pas donner une prestation de qualité… Enfin, une reconnaissance mutuelle et une indépendance de chaque métier. Qu’on ne vienne donc pas s’immiscer dans notre travail ! Et malheureusement ce n’est pas le cas dans ce nouvel appel à candidatures. Les engagements sont presque entièrement unilatéraux, à la charge des audioprothésistes, Itelis ne s’engage pour sa part, quasiment pas. La plate-forme ne s’engage même pas à un volume minimum de clients. L’audioprothésiste, lui, s’engage beaucoup ! Itelis leur demande de ne pas porter de jugement de valeur sur le réseau, de participer gracieusement à toutes les actions d’information et de prévention d’Itelis, de transmettre à Itelis sur demande d’Itelis et dans les délais impartis par Itelis "tous les documents précités", etc. Par ailleurs, l’Ocam se donne la possibilité de choisir les marques, met en lumière Luis Godinho. De manière globale, mes collègues m’ont fait suivre un document de six pages avec toutes les demandes d’Itelis que nous considérons tout à fait contestables et exagérées, mais surtout sans jamais discuter de l’amélioration de la prise en charge… Plus généralement, la forte variabilité de la qualité entre les différents réseaux de complémentaires en audioprothèse, pose question, explique Luis Godinho. Alors que les enjeux de santé publique sont majeurs, est-il souhaitable de laisser aux seuls acteurs privés, dont certains aux objectifs principalement économiques, la régulation du reste à charge en audioprothèse ? N’est-ce pas aussi ce que dit en creux l’IGAS ? », explique-t-il.
Le rapport de l’IGAS « Dispositifs médicaux : circuits et marges de distribution en ville et rôle des prestataires à domicile », 2014 précise en effet : « La diminution du reste à charge pour les patients est une nécessité compte tenu de l’impact de la perte d'audition sur la perte d'autonomie des personnes âgées. (…) Pour permettre au CEPS de jouer un rôle, au même titre que les complémentaires, dans la négociation de prix de vente corrects, il serait souhaitable de revaloriser la prise en charge de l'assurance maladie ».
Et si les termes de l’appel d’offres d’Itelis apparaissent déséquilibrés pour les représentants de la profession, ces derniers attendent toujours de pouvoir rouvrir les discussions avec la plate-forme.

La rédaction