2015, et demain ?
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- Publié le vendredi 19 juin 2015 14:37

Afin de cerner les tendances d’un marché en constante mutation et d’essayer de comprendre vers quoi il tend, de quelles évolutions majeures, innovations technologiques et inflexions politiques il sera fait, nous avons sollicité les acteurs du secteur, afin qu’ils nous livrent leurs points de vue. Directeurs d’enseignes, de firmes, représentants syndicaux, d’Ocam, audioprothésistes indépendants ou sous enseigne, tous, connus ou moins connus se sont livrés au jeu de l’anticipation afin de tracer les contours de l’audioprothèse de demain. Tour d’horizon… non exhaustif !

« Je pense que dans les cinq ans à venir, les innovations technologiques seront très importantes et le marché, tel qu’il est aujourd’hui, risque d’en être profondément modifié. D’autre part, l’aspect commercial va se développer et l’on se dirige vers une évolution importante des prix qui ira de pair avec l’évolution technologique. »
P.-d.g. d’Alain Afflelou Acousticien

« Nous devrions voir une évolution importante dans l’acceptation de l’utilisation des aides auditives, grâce à une communication grand public renforcée, une prise de conscience des conséquences d’un non-appareillage, d’une volonté de mieux vieillir, des évolutions technologiques et audiologiques et surtout au savoir-faire des audioprothésistes dans la prise en charge de ces nouveaux consommateurs et de leurs attentes. Par contre, il sera primordial de préserver toutes les prérogatives actuelles du métier d’audioprothésiste. C’est la vision d’Oticon, qui, plus que jamais, s’inscrira comme un partenaire des audioprothésistes dans cette évolution. »
Directeur France d’Oticon

« Je pense que le secteur va poursuivre sa croissance de 5 à 10 % par an. La croissance du nombre de centres sera supérieure et la concurrence dans la distribution va s’intensifier. Les audioprothésistes qui tireront leur épingle du jeu seront ceux qui auront su faire évoluer leurs pratiques pour s’adapter aux attentes et aux besoins de cette nouvelle “clientèle” dont nous fêtons les “70” ans cette année, “les baby-boomers”. Ce sont eux qui vont représenter la croissance des prochaines années et cette clientèle attendra de nouveaux standards en matière de solution pour l’audition. »
Directeur général de Starkey France

« Les buts futurs à atteindre dans les cinq ans : l’intégration d’une technologie de plus en plus efficace pour tous les malentendants par des audioprothésistes dont la formation initiale passe à cinq ans du fait de la création de nouvelles délégations de tâches. Une diminution du reste à charge par des pouvoirs publics ayant pris conscience de l’impact de santé publique de la surdité et qui prennent en compte les propositions de la profession pour éviter les pertes de chance liées à des problèmes financiers. Une validation par la profession des Ocam, mutuelles et assureurs respectant des critères de liberté de choix du patient et de l’audioprothésiste dans un contrat financier permettant une prise en charge et un suivi audioprothétique de qualité. »
Président du Collège national d’audioprothèse (CNA)

« Il est probable que d’ici cinq ans les aides auditives seront mieux prises en charge par les assureurs complémentaires, notamment grâce aux accords entre les professionnels de santé et les réseaux de soins ».
Président de Kalivia

« Mieux entendre pour mieux vieillir. L’impact des troubles sensoriels, auditifs, visuels… sur la qualité de vie et les troubles cognitifs étant démontré, l’objectif est de développer et faciliter le repérage précoce de la presbyacousie et sa réhabilitation. »
ORL, Société française de Réflexion Sensori Cognitive (Sofresc)

« En 2020, nous serons en plein papyboom.
Avec un marché proche du
million d’appareils, l’évolution majeure
viendra de la typologie des porteurs :
les patients, nécessitant une approche
pluridisciplinaire, avec prise
en charge des problèmes cognitifs,
les surdités sévères à profondes, les acouphènes, les
patients implantés, etc.
les consommateurs technophiles à la recherche de
valeur ajoutée, de service, de marque et d’intégration de
nos solutions dans leur vie quotidienne. »
Président de Siemens audiologie France
« Nous prévoyons une évolution bidirectionnelle du secteur de l’audioprothèse. D’un côté, les groupements d’audioprothésistes ayant les fabricants d’aides auditives comme principaux décisionnaires et de l’autre, les groupements dont les décisions appartiennent aux audioprothésistes. Les stratégies audioprothétiques, commerciales, et financières y sont diamétralement opposées. L’évolution majeure reste, à mon sens, l’arrivée des réseaux des mutuelles voulant obtenir une tarification encadrée des solutions auditives en séparant le tarif de la prestation. Arrivera-t-on jusqu’à des solutions auditives imposées par les mutuelles aux audioprothésistes ?
Directeur de Sensation auditive
« Selon moi, la part de fabrication numérique des embouts va très fortement progresser dans les prochaines années. L’arrivée de nouveaux équipements abordables associée à des matériaux de plus en plus évolués va démocratiser cette technologie. Avec la prise d’empreinte numérique qui devrait faire son apparition dans les prochains mois, l’utilisation d’imprimante 3D devrait fortement augmenter. »
Gérant de la société Kreos

« Le secteur de l’audio dans cinq ans ? Une augmentation du potentiel de clients appareillés sur le marché notamment liée au vieillissement de la population conjuguée aux campagnes de sensibilisation, ainsi qu’une meilleure prise en charge de la Sécurité sociale et des mutuelles qui devraient permettre au marché français de maintenir sa croissance et de rattraper certains pays européens en termes de taux d’équipement de personnes ayant des troubles auditifs. Les évolutions majeures ? La recherche des fabricants dans la performance des aides auditives, notamment dans la discrétion de l’appareil, et aussi dans la connectivité avec le monde environnant (téléphone, tablette, voiture, TV, et demain…) permettra aux personnes malentendantes d’accepter plus facilement l’appareillage. Par ailleurs, pour toujours plus de discrétion et donc une meilleure acceptation, des solutions telles que nos AUDIOvisuelles (lunettes auditives) seront probablement un facteur essentiel dans la volonté d’appareillage. »
Directeur réseau Audio 2000

« Exercice très difficile de faire une prédiction sur le marché
à cinq ans tant les variables sont nombreuses. Voici
néanmoins quelques points qui me semblent importants
et probables :
• les nouveautés technologiques proposées par les fabricants
(spécialement Starkey) vont continuer à un rythme
soutenu tout au long de cette période ;
• l’installation des « Papy-boomers » dans l’âge moyen du
premier appareillage (70 +) va nécessiter une adaptation
de notre offre en fonction de leur état d’esprit ;
• de plus en plus de services seront proposés à distance
(directement de l’audioprothésiste au patient chez lui) ;
• les professionnels ayant su se différencier grâce à la
valorisation de leurs prestations continueront à préserver
leurs parts de marché vis-à-vis des organisations dont la
stratégie est essentiellement basée sur les prix.
À relire dans cinq ans ! »
Directeur général, Starkey France

« Le monde de l’audioprothèse dans 5 ans… … sera un monde connecté : le Smartphone, en particulier, aura pris une place centrale, en apportant aux aides auditives sa puissance de calcul et son lien avec le monde. … se sera structuré autour de modèles économiques bien définis qui apporteront des réponses assez différentes aux clients : des indépendants, des opticiens, des chaînes “verticalisées”, des mutualistes et des grands réseaux intégrés. … aura intégré un nouvel acteur, les Ocam, dont le rôle à terme n’est pas écrit et qui dépendra de la capacité de tous les acteurs du métier à inventer des approches innovantes, dans l’intérêt réel des patients. »
Directeur d’Amplifon France

« Le poids des Ocam, l’arrivée massive des fabricants dans la distribution et la tentation des pouvoirs publics de déréguler le secteur sont autant d’éléments qui risquent de modifier profondément le secteur de l’audioprothèse ces cinq prochaines années. D’autant que, derrière les syndicats et le Collège, les plus mobilisés pour défendre les valeurs de cette profession sont les enseignes, alors même que les audioprothésistes indépendants restent majoritaires. L’évolution risque d’impliquer la disparition d’une spécificité française : une qualité d’appareillage avec un taux de satisfaction de 86 %. Car comme dans les débats théologiques, les nouveaux arrivants, à force de ne parler que de marge et de prix, oublient juste celui au nom de qui ils sont censés mener bataille : les malentendants. »
Vice-président du Club Alter Ago
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