Le SDA craint un détournement de l'esprit de la réforme du 100% Santé

100% Santé

A la veille de la mise en place de la réforme du 100% santé, le SDA a pris la parole pour exprimer ses craintes d’un détournement de l’esprit de cette avancée majeure pour les patients malentendants.

Publié le 16 décembre 2020

Le SDA craint un détournement de l’esprit de la réforme du 100% Santé

Rappelant que la réforme est destinée à lever le principal frein à l’équipement, le reste à charge, le SDA a mis en lumière les menaces principales qui pèse sur son bon déploiement. Luis Godinho, Président du SDA, a tout d’abord fustigé les campagnes de publicité sans aucune justification médicale, proposant par exemple une deuxième paire d’aide auditive ou un smartphone gratuit, qu’il a jugées contreproductives : « La mise en place de la réforme découle d’un enjeu de santé publique qui ne doit pas être détourné par des publicités mercantiles ».

 

Il s’est ensuite largement appesanti sur l’absence d’obligation de prise en charge des classes II par les complémentaires santé. Selon lui, de nombreuses complémentaires proposeraient un remboursement moindre pour les classes 2 que pour les classes 1 alors que la Sécurité Sociale s’est, elle, alignée.  Cette politique tarifaire, si elle venait à se concrétiser, pèserait lourdement selon Luis Godinho sur la liberté de choix des patients. « Nos patients doivent pouvoir accéder à l’équipement qui convient le mieux à leurs besoins. Les aides auditives de classe 2 proposent des fonctionnalités différentes qui sont directement utiles aux patients et ne représentent en aucun cas un luxe », martèle le Président du SDA. « Certaines complémentaires ont abaissé le niveau de remboursement de plusieurs centaines d’euros par rapport à un appareil de classe 1. Il ne propose parfois que 160€ de remboursement en plus de la Sécurité Sociale, ce qui risque de forcer le patient à opter pour un appareil de Classe 1 simplement sur un critère financier ». Luis Godinho craint également que ce choix par défaut induise des échecs d’appareillages avec des aides auditives qui ne seront pas portées par les patients qui en ont pourtant besoin.

 

Par ailleurs, Luis Godinho a également exprimé sa crainte d’un système à deux vitesses. Certains patients mécontents du remboursement proposé pourraient décider de changer de complémentaire santé, d’autant que, depuis le 1er décembre, les procédures de résiliation ont été simplifiées. « Les patients équipés d’aides auditives sont souvent des patients qui intéressent moins les complémentaires, car ils sont âgés et ont de nombreuses dépenses de santé. On risque des pratiques anticoncurrentielles pour se débarrasser des patients les plus coûteux ».

 

Luis Godinho craint également pour l’équilibre économique des audioprothésistes. « Aujourd’hui, 80% des patients sont appareillés en classe 2. Nous nous étions mis d’accord pour vendre 20% de classe 1 mais, avec ces différences de remboursements, nous pensons que le taux d’équipement en classe 1 dépassera les 30%. Le prix moyen va être plus bas et, après une année 2020 difficile avec le confinement, les centres audio pourraient être encore plus fragilisés ».

 

Nathalie Bloch-Sitbon

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