L'audition est le dernier sens à s'éteindre lors de la mort

Étude scientifique

Selon une étude réalisée par des chercheurs de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) et publiée le 25 juin dans la revue Nature, certaines personnes pourraient encore entendre alors qu'elles ne répondent plus et qu'elles sont en fin de vie.

Publié le 16 juillet 2020

L’audition est le dernier sens à s’éteindre lors de la mort

À l’aide de l’électroencéphalographie (EEG), qui mesure l’activité électrique dans le cerveau, des chercheurs ont analysé les données recueillies auprès de patients en soins palliatifs conscients et inconscients, au St John Hospice de Vancouver. « Dans les dernières heures précédant une mort naturelle attendue, de nombreuses personnes entrent dans une période de non-réponse », explique l’auteur principal de l’étude, Elizabeth Blundon, doctorante au département de psychologie au moment de l’étude. « Nos données montrent qu’un cerveau mourant peut répondre au son, même dans un état inconscient et jusque dans les dernières heures de sa vie. »

Les chercheurs ont surveillé la réponse du cerveau à ces tonalités en utilisant l’EEG, et ont constaté que certains patients mourants répondaient de la même manière que les autres patients conscients, même lorsqu’ils étaient à seulement quelques heures de la mort. « Nous avons pu identifier des processus cognitifs spécifiques chez les participants neuro-typiques ainsi que chez les patients en hospice », explique Lawrence Ward, professeur au département de psychologie de l’UBC. « Nous avons dû examiner très attentivement et de façon individuelle, les données des participants, afin de voir si chacun d’entre eux présentait un type particulier de réponse cérébrale. »

Cette étude a été adaptée d’une étude européenne qui a exploré les réponses cérébrales au son chez des participants individuels en bonne santé et chez des patients peu conscient ou inconscient et souffrant de lésions cérébrales. Les chercheurs de l’UBC ont appliqué un protocole similaire aux patients mourants qui ne répondent plus. Elizabeth Blundon et Lawrence Ward ont collaboré avec le Dr Romayne Gallagher, médecin en soins palliatifs à St John Hospice, qui a depuis pris sa retraite. Au total, treize familles ont participé et des enregistrements cérébraux ont été obtenus auprès de cinq patients lorsqu’ils ne répondaient pas.

Romayne Gallagher a passée 30 ans à traiter des patients mourants, et elle a été témoin de réactions positives chez des personnes lorsque des proches leur parlaient dans leurs derniers moments. « Cette recherche donne du crédit au fait que les infirmières et les médecins des centres de soins palliatifs ont remarqué que les sons de leurs proches aidaient à réconforter les gens lorsqu’ils mouraient », explique-t-elle.

En revanche, Elizabeth Blundon indique que même si les preuves de l’activité cérébrale soutiennent l’idée qu’une personne mourante pourrait entendre, elles ne peuvent pas confirmer si les gens sont conscients de ce qu’ils entendent. « Leurs cerveaux ont répondu aux stimuli auditifs, mais nous ne pouvons pas savoir s’ils se souviennent, identifient des voix ou comprennent le langage », précise-t-elle. « Il y a toutes ces autres questions auxquelles il reste à répondre. Ce premier aperçu soutient l’idée que nous devons continuer à parler aux gens quand ils meurent parce que quelque chose se passe dans leur cerveau. »

Lucile Perreau

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